Interview Pascal Reny de Gang septembre 2016
par Yves Philippot-Degand

RTJ : Bonjour Pascal, merci de nous accorder cette interview pour Road to Jacksonville webzine consacré au rock sudiste,

Tout d’abord, j’aimerais revenir sur tes débuts, peux-tu nous rappeler d’où tu viens ?

Pascal Reny : Bonjour à toute l’équipe et merci de l’intérêt que vous portez à notre groupe de Gangsters !

Je suis originaire de Normandie (avant on disait « Haute-Normandie »), plus particulièrement du Pays de Caux.

Le Pays de Caux se situe grosso modo dans le triangle Dieppe, Rouen et Le Havre.

RTJ : Ta famille était-elle musicale ?

Pascal Reny : Absolument pas ! Quand j’étais gamin je voulais faire du judo et de la musique. Mes parents m’ont demandé de choisir…

En même temps, vu ma carrure, j’aurais sûrement été un pitoyable judoka !

RTJ : Quels sont les principaux artistes que tu as écoutés ?

Pascal Reny : En fait, je n’écoutais pas grand-chose. Disons plutôt que j’entendais ce qui passait à la radio, chez mes parents.

Rien à voir avec ce que j’écoute aujourd’hui…..

RTJ : Par quel instrument as-tu commencé à jouer (mon petit doigt m'a susurré que ce n'était pas la guitare...) ? Et quels morceaux ou quel style de musique ?

Pascal Reny : J’ai commencé par le saxophone. Et pourtant, je voulais jouer du trombone ! A l’époque, quand on entrait dans une école de musique dans laquelle il y avait un orchestre d’harmonie, on nous prêtait l’instrument. Mais il n’y avait pas de trombone. On m’a proposé un sax alto. Ça a duré plus de 15 ans. Quinze années à travailler des morceaux et œuvres classiques, transcrits pour orchestre d’harmonie.

RTJ : Quels ont été tes premiers débuts en groupe ? Est-ce que c’était au lycée ?

Pascal Reny : Non, au lycée, je jouais toujours du sax. Je ne me suis mis à la guitare qu’à 27 ans ! Mais c’est au lycée que j’ai découvert Lynyrd Skynyrd, Rossington Collins Band et plein d’autres groupes mythiques.

D’ailleurs, pour l’anecdote, les deux premiers disques que je me suis achetés sont le « Led Zeppelin IV » et « Gold and Platinum » de L.S.

J’ai commencé la guitare avec un prof de Jazz et me suis mis au Rock et au Blues avec un super guitariste du Havre du nom de Serge Hendrix ! Ça ne s’invente pas…

RTJ : Passons maintenant à Gang, peux-tu rappeler pour nos lecteurs quand, avec qui et comment s'est formé ce groupe qui, il me semble, doit fêter cette année ses 10 ans ?

Pascal Reny : Gang a commencé avec Freddy Suzzi et moi courant 2006. Freddy avait revendu tout son matos et ne voulait plus jouer avec qui que ce soit. Je lui ai tanné le cuir pendant au moins 3 mois et on s’est rencontré. Je voulais chanter car je faisais partie d’un groupe de Blues du Havre où je n’étais que guitariste. Je l’ai convaincu de ma façon de partager la musique et il m’a fait confiance. Peut-être parce qu’il ne me connaissait pas ou parce que j’avais une bonne tête ! Ah, ah, ah ! Nous avons trouvé un batteur havrais et un guitariste rythmique et nous avons commencé à travailler quelques reprises.

Notre tout premier concert a eu lieu le 17 juin 2007 (jour de mon anniversaire !).

RTJ : Vous enregistrez assez rapidement un EP de 4 titres (Just A Small Blue Stuff), vous ne semblez pas avoir perdu de temps, le passage en studio vous semblait-il alors une priorité ?

Pascal Reny : Il nous fallait un support pour démarcher et on a réussi à faire ce 4 titres en 2 jours. Aujourd’hui, il nous paraît bien fade….

RTJ : Votre premier LP est enregistré en 2009 (Hold Up), suivi de Récidive, sorti le 9 décembre 2011, mais il aura fallu attendre 3 ans et demi pour voir paraître On The Run au printemps 2015. Comment expliques-tu ce laps de temps ?

Pascal Reny : Tu sais, nous ne sommes pas des musiciens professionnels et rien ne nous pousse à faire un album tous les deux ans. Mais 4 ans ça fait long et nous avons eu pas mal de concerts, des problèmes de « line-up », etc… Ce qui fait que nous n’avions pas ou peu de compos.

RTJ : Parlons donc de ce dernier opus. Pendant près de trois minutes, vous bâtissez une intro d'album qui passe par une version « worksong » fidèle en esprit à l'original de « Black Betty », puis par un instrumental blues-rock « sévèrement burné » comme auraient dit les Guignols avant d'entamer le premier titre, comment est venue cette idée de cette longue intro ?

Pascal Reny : Ça a dû venir de Steffy qui a entendu une intro de Aerosmith et ça nous a donné cette idée. Notre ami Jérôme Piétri nous a gentiment « prêté » sa version de « Black Betty » et nous l’avons mixée avec un sample représentant un orage. Pour l’instrumental, nous l’avions depuis un moment et, comme la tonalité correspondait, il collait bien !

RTJ : Le premier titre de cet album, « Blackbird », ne doit rien aux Beatles dont nous allons bientôt reparler, mais ressemble furieusement au « Blue Jean Blues » de ZZ Top dont vous repreniez le « Sharp Dressed Man » sur Hold Up votre opus de 2009, comment avez-vous eu l'idée de reprendre ce titre, et pourquoi lui plutôt que le célèbre morceau du trio texan ?

Pascal Reny : C’est une reprise de Barefoot Servants qui nous a sauté aux oreilles ! C’est vrai qu’elle ressemble pas mal à « Blue Jean Blues » mais on a eu LE coup de cœur pour ce morceau.

RTJ : Sur votre deuxième titre, le célébrissime « Hallelujah » de Ray Charles, Gang se fait le « backing band » de Nina Van Horn, dont il vous est arrivé d'assurer la première partie. Qui a eu l'idée de cette collaboration studio ? Comment s'est-elle réalisée ? Qui a choisi ce titre ?

Pascal Reny : En fait, nous désirions avoir un (une) ou plusieurs invités sur cet album. Nina est une amie et je lui ai proposé cette « collaboration ».

Elle a dit oui tout de suite et je lui ai proposé ce titre qui n’attendait que sa voix. Le résultat a été plus qu’à la hauteur de nos attentes !

RTJ : Sur ce titre comme sur votre excellente version du « Southbound » de Dickey Betts, le sax est tenu par Daniel Pain que vous avez eu la douleur de perdre peu après la sortie de l'album. Peux-tu nous parler un peu de lui et de sa participation à la musique de Gang ?

Pascal Reny : Quand j’ai rencontré Daniel, c’était en 1992 dans un atelier « Jazz » au Havre. On a bossé ensemble pendant une année et nous nous sommes perdus de vue. C’est grâce à un célèbre réseau social que nous avons renoué en 2014. Il s’est proposé pour nous accompagner de temps en temps en concert et finalement, il en a fait 4 ou 5 avec nous et a posé son sax sur 2 morceaux de l’album.

C’était un super musicien, déconneur, gentil . Malheureusement, la maladie l’a vite emporté ! R.I.P my friend….

RTJ : Vous passez ensuite à un autre monument de la musique, le « Yer Blues » des Beatles. Avec « While My Guitar Gently Weeps », qui figure maintenant dans deux de vos albums, vous avez déjà bien pioché dans les titres un peu blues du groupe de Liverpool. Les Beatles sont-ils une de vos références ?

Pascal Reny : Non ils ne sont pas une de nos références mais ce titre n’est pas connu et il est très blues. Donc…

Par contre, j’aime beaucoup George Harrison et particulièrement « While My Guitar Gently Weeps » c’est pourquoi j’avais proposé aux Gangsters cette reprise pour « Récidive ». Plein de gens l’ont repris et on s’est dit : « Pourquoi pas nous ? »

RTJ : Vous aviez déjà enregistré « While My Guitar Gently Weeps » sur votre album Récidive paru en 2011, pourquoi réenregistrer le titre sur l'album suivant ?

Pascal Reny : On a voulu lui donner une autre couleur ! Comme je le disais tout à l’heure, on adore ce morceau.

RTJ : Marilyne Hecquet, violoniste internationalement renommée et sœur de Thierry Hecquet votre ingénieur du son, contribue grandement à transfigurer votre version de « While My Guitar Gently Weeps ». Comment se sont dessinés ces nouveaux arrangements ? Quelle a été la part de Marilyne dans cette transformation : a-t-elle participé dès le début, ou est-elle juste venue poser ses parties instrumentales sur un travail déjà très avancé ?

Pascal Reny : C’est Thierry qui nous a proposé la participation de Maryline. Quand il m’a dit ça, j’avais des nappes de violons et des chœurs dans la tête ! Malheureusement, des choristes étaient prévus et des impondérables de disponibilité se sont interposés ! J’ai demandé à Lydia Guerlin de nous faire quelques chœurs sur ce morceau et nous les avons superposés. En ce qui concerne les parties de violon, je les ai proposées à Maryline et finalement, nous n’avons pas fait de nappes mais une seule voix !

RTJ : Une seule composition originale cette fois-ci sur cet album (« My girl (and me) »), alors qu'on en comptait quatre dans Récidive, peut-on penser que le prochain opus de Gang leur fera plus de place ?

Pascal Reny : Pour le prochain, nous ne prévoyons que des compos. S’il y a reprise, il n’y en aura qu’une !

RTJ : Malgré l'absence de piano, vous claquez une ébouriffante version de l'excellent « Smokestack Lightening » de Skynyrd, dont on regrette la disparition rapide de la set-liste du groupe, mais qui vous éloigne nettement des rivages du blues. Qui a eu l'idée de ce titre ?

Pascal Reny : On a toujours « Smokestack Lightening » sur notre set liste ! L’idée vient de moi…

En fait, quand j’ai vu Lynyrd Skynyrd pour la première fois, c’était en 1992 à L’Elysée Montmartre. Ils s’étaient reformés peu de temps avant avec Johnny Van Zant et le premier morceau de l’album « 1991 » est celui-ci. Je l’ai pris en pleine tête ! Il n’en est jamais ressorti !

RTJ : Lynyrd Skynyrd, dont vous aviez déjà repris « I know a little » sur votre album Récidive peut-il être considéré comme une de vos grosses influences ? Pensez-vous un jour reprendre un titre plus typé blues de ce groupe référence ?

Pascal Reny : C’est vrai que L.S. est une de nos grosses influences mais il y a aussi les Allman Bro’s, Gov’t Mule et d’autres…

RTJ : Dernièrement, nous avons appris le départ de Julien Furon et le retour d'Erik Lecroq à la deuxième guitare : ça bouge chez les Gangsters ! Peux-tu nous en dire plus sur ces péripéties de line-up ?

Pascal Reny : Tu sais, les goûts changent pour certains et les affinités musicales s’estompent quelquefois.

Erik avait décidé d’arrêter la musique il y a 3 ans pour des raisons personnelles. Il y a eu deux guitaristes entre temps et finalement, après le départ de Julien, il nous a semblé naturel de (re)solliciter Erik. Il s’est très vite remis au boulot et on a tous eu l’impression qu’il était parti la veille ! Quel bonheur pour nous qu’il soit revenu !

RTJ : Quels sont les projets de Gang pour le futur, CD, DVD à paraître, projet acoustique ?

Pascal Reny : Il y a un DVD qui est sorti il y a peu. Il a été filmé en février 2016 lors de notre « mini-tournée » avec Cliff Moore, frère de Gary.

Nous réfléchissons à un set acoustique, pour pouvoir nous produire dans des lieux où il nous est impossible de jouer à cause des « nuisances sonores » !

Et nous sommes en train de bosser sur le prochain CD. Ça avance doucement, mais sûrement !

RTJ : Dernière et traditionnelle question, si tu devais rester sur une île déserte, quels sont les cinq disques que tu emmènerais avec toi ?

Pascal Reny : Je te les cite en vrac car je les aime tous ! Mais cette liste n’est évidemment pas exhaustive….

The Song Remains the Same“ Led Zeppelin

Pronounced…” Lynyrd Skynyrd

Blues Alive” Gary Moore

Handful of Blues” Robben Ford

Recorded Live” Ten Years After

Encore merci à vous et à très bientôt… On the road…

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